Fédération internationale de hockey sur glace

Sacré jeune, sacré habile

Sacré jeune, sacré habile

Nico Hischier et les Suisses sont ambitieux

Publié 29.12.2016 09:22 GMT-5 | Auteur Martin Merk
Sacré jeune, sacré habile
Nico Hischier est concentré avant une mise au jeu au Championnat mondial junior 2017 de l’IIHF. Photo : Andre Ringuette / HHOF-IIHF Images
Nico Hischier, espoir très couru, a aidé la Suisse à remporter son premier match préliminaire en deux ans au Mondial junior et ses ambitions sont grandes.

« Jung verdammt » du duo de rappeurs Lo & Leduc, qui chante en suisse allemand, est la chanson thème de l'équipe nationale suisse des moins de 20 ans lorsqu'elle marque un but au Championnat mondial junior 2017 de l’IIHF. En français, cela se traduit par « sacré jeune ».

Bien que les paroles ne sont pas nécessairement liées à l'équipe (Refrain : « J’ai cru que le diable se présenterait sous forme de flammes et pas dans une robe rouge. ») – quoique leurs chandails soient bel et bien rouges –, la formation suisse à Montréal est en effet très jeune. Avec trois joueurs admissibles à l'équipe des moins de 18 ans, elle est l'une des plus jeunes du tournoi.

Un de ces jeunes a fait scintiller la lampe témoin en prolongation pour permettre aux siens de gagner leur premier match du tournoi en battant la République tchèque. Cette victoire a été un baume pour le moral des Suisses qui ont raté les quarts de finale au cours des deux dernières années.

« C'est fort agréable de marquer en prolongation et d’avoir gagné ce match. Ça nous donne confiance pour le prochain match », a dit Nico Hischier après la rencontre. « Nous avons montré que nous sommes capables. Nous pouvons tirer plusieurs leçons de ce match dans lequel nous avons bien joué du début à la fin. »

Hischier faisait partie de l'équipe l'an dernier et il veut effacer les mauvais souvenirs des deux dernières éditions où des défaites contre le Danemark ont fait en sorte que la Suisse a pris part à la ronde de relégation plutôt qu'à celle pour une médaille. La première victoire des Suisses est survenue exactement deux ans après leur dernière victoire, également contre la République tchèque.

« Je savais que notre dernière victoire en ronde préliminaire avait été contre les Tchèques parce que mon frère [Luca] faisait partie de cette équipe et que j'ai suivi le match en Suisse », dit Hischier.

Plusieurs raisons expliquent la présence d'un plus grand nombre de jeunes joueurs au sein d'une formation – cinq sont nés en 1998, deux en 1999 et un en 2000, dans ce cas-ci – d'un manque de profondeur dans des programmes plus petits à la présence d'excellents espoirs à développer au Mondial junior. Hischier est là pour la deuxième raison. Après avoir joué au hockey professionnel suisse – il a fait ses premiers pas en prenant part à 15 matchs dans la NLA avec le CP de Berne et à 13 matchs dans la NLB avec le HC de Viège de sa ville natale la saison dernière –, il s'illustre maintenant en Amérique du Nord.

En 31 matchs avec les Mooseheads de Halifax de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Hischier a compté 23 buts. Et même s'il est l'un des plus jeunes avants de l'équipe, il en est le meilleur buteur. Ses 48 points lui confèrent également le rang de meilleur pointeur parmi les recrues de la ligue. Seuls cinq joueurs, tous deux ou trois ans plus âgés que lui, ont accumulé plus de points que Hischier.

Faire le saut vers l'Amérique du Nord à 17 ans est quelque chose à quoi Hischier a longtemps réfléchi, car les joueurs européens les plus talentueux perfectionnent habituellement leurs habiletés au hockey professionnel en Europe, ne traversant l'Atlantique que lorsqu'ils se sentent prêts à jouer dans la LNH – quelque chose que le plus récent premier choix au repêchage Auston Matthews, un Américain, a fait.

En Europe, ils peuvent jouer à un niveau plus avancé contre des joueurs seniors d'expérience et consacrer plus de temps au perfectionnement de leurs habiletés, car ils jouent moins de matchs.

D'autre part, au hockey junior canadien, ils ont l'occasion de s'habituer aux patinoires de dimensions nord-américaines et au style de jeu, le tout en vertu d'un calendrier chargé qui ressemble à celui de la LNH, en plus de s'adapter à un nouveau style de vie et à une nouvelle langue.

« Je ne regrette pas ma décision, mais ce ne fut pas facile. J'ai longtemps réfléchi à ce qui serait le mieux pour moi. Mais au bout du compte, j'avais le sentiment que j'allais devenir un meilleur joueur de hockey comme ça. C'est différent avec la patinoire plus petite et le style de vie, mais je me suis adapté et j’aime ça », a dit Hischier à propos de ses premiers mois en Nouvelle-Écosse.

Et même si ses statistiques sont meilleures qu'elles l'étaient lorsqu'il jouait au hockey senior en Suisse, il ne se sent pas comme un prodige pour qui le défi n’est pas assez grand.

« Non, non, ce n'est pas le cas. J'essaie juste de jouer chaque jour en m'amusant, car c'est à ce moment-là que je peux jouer mon meilleur hockey », a déclaré la natif de Naters.

L'engouement pour le hockey junior au Canada est quelque chose qui l'impressionne. Bien qu'il ait joué devant plus de 16 000 partisans avec le CP de Berne, et qu’il a savouré l'ambiance au dernier Mondial junior à Helsinki, avoir des milliers de partisans assister aux matchs d'une ligue junior est nouveau pour lui.

« Le match d'ouverture à domicile a été spécial pour moi avec plus de 10 000 personnes à notre aréna pour un match junior. C'est comme le hockey professionnel ici », a-t-il dit au sujet de ses premiers mois dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, une des trois ligues de la Ligue canadienne de hockey.

Si déterminer le meilleur parcours à emprunter pour devenir un joueur de premier plan est un sujet controversé en Europe, la superbe performance de Hischier en Amérique du Nord a certainement changé la façon dont les dépisteurs de la LNH le regardent. Il n'est plus simplement considéré comme un candidat à la première ronde du repêchage, mais il pourrait bien être sélectionné parmi les premiers et devenir le joueur repêché le plus haut de l'histoire du hockey suisse, record qui appartient actuellement à Nino Niederreiter (5e en 2010).

Heureusement, Hischier ne se laisse pas perturber par la frénésie qui l'entoure. « Le repêchage a lieu en juin et nous sommes en décembre, alors je ne pense pas au repêchage. J'ai encore une demi-saison devant moi. J'essaie simplement de m'entraîner chaque jour et de m'améliorer », a dit le centre qui joue aussi bien à l'offensive qu'à la défensive.

Hischier parle franchement de ses objectifs au Championnat mondial junior 2017 de l’IIHF.

« Notre objectif est d'atteindre les demi-finales, mais les quarts de finale sont la première étape, et c'est très faisable avec cette équipe. Après ça, tout est possible », affirme Hischier. « Nous sommes une très bonne équipe avec de bons gars dans le vestiaire. Nous pouvons en surprendre plusieurs ici. »

La dernière fois que les Suisses se sont rendus aussi loin remonte au Mondial junior de 2010 à Saskatoon, année d'admissibilité de Niederreiter au repêchage. Mais ils doivent d'abord se classer parmi les quatre premiers de leur groupe à Montréal. Ce soir, ils affrontent la Suède, une des favorites du groupe, mais leur match clé pour une place en ronde éliminatoire sera encore une fois contre le Danemark, vendredi.

 

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